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Massacre en Syrie : « Je pleurerai plus tard sur la destruction des sites culturels syriens »

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On nous reprochera d’avoir publié, qui plus est en une du site, la photo de ce charnier. On nous dira, comme l’on nous a déjà dit notamment sur Twitter, qu’il n’est pas utile de publier de telles images.

On nous dira que tout le monde sait ce qu’il se passe en Syrie. On nous dira qu’il est irrespectueux pour la mémoire de ces morts de les exposer ainsi publiquement.

On nous parlera donc de respect. On nous parlera de pudeur. On nous dira que ces images font mal, qu’elles blessent, qu’elles heurtent celui qui les regarde.

Pas de telles images en une, pas de telles images sur le site, pas de telles images sur le net, pas de telles images dans nos vies confortables ici en France dans un pays en paix, dans un pays où être musulman n’est certes pas toujours confortable, mais n’est pas une condition suffisante pour perdre la vie. Etre musulman en France n’est pas mortel.

A contrario, il y a un risque létal à être musulman, à être sunnite dans la Syrie du tyran Bachar Al-Assad. Etre musulman sous ce voyou sanguinaire peut être fatal. Etre sunnite est mortel. Des enfants ont été froidement assassinés. Des femmes, des hommes, des papas, des frères, nos frères, nos mamans, nos soeurs.

« Aimer pour Allah, c’est aimer quelqu’un que tu n’as jamais vu », rappelait le prédicateur Eric Younous. Ces morts, nous les aimons. Ces morts, nous devons les aimer. Nous les aimions vivants, sans jamais les avoir vus. Nous les aimons morts et nous les regardons, comme nous regarderons toutes les malheureuses victimes à venir.

Nous les regarderons de nos yeux aveugles. Nous les regarderons de nos coeurs endurcis. Nous les regarderons pour leur demander pardon. Nous les regarderons pour espérer leur clémence. Nous les regarderons et nous pleurerons. Nous pleurerons sur notre sort et non sur le leur. Nous pleurerons de notre indifférence coupable.

« Aimer pour Allah, c’est aimer quelqu’un que tu n’as jamais vu », Eric Younous.

Et nous implorerons encore leur pardon. Pardon d’avoir été absents. Pardon d’avoir perdu nos consciences, pardon d’avoir détourné nos regards, pardon d’avoir invoqué une impuissance à changer leur situation, là où ils nous demandaient simplement de prier pour eux, de leur offrir amour et empathie. Ils voulaient mourir avec le coeur plein de notre fraternité. Ils voulaient mourir avec le souvenir de ces musulmans qui en France vivent dans la paix, mais pleurent les leurs dans la guerre. Ils voulaient mourir lovés dans l’amour que nous devrions avoir pour eux. Ils sont morts seuls, massacrés.

Nous les aimons morts et nous les regarderons pour que nos yeux le jour du Jugement témoignent contre les ordures qui les ont assassinés. Nous les aimons morts et nous les regarderons pour être les témoins d’une gigantesque épuration qui dure depuis trop longtemps. Nous les aimons morts et nous les montrerons pour déchirer ce voile de pudeur qui couvre nos consciences pour en dissimuler la laideur de notre indifférence..





Ignace Leverrier, ancien diplomate, chercheur arabisant, qui tient un blog sur la situation en Syrie (http://syrie.blog.lemonde.fr), a rendu ce soir un peu de leur dignité à ces enfants, à ces parents, à ces innocents morts d’être musulman. Qu’il en soit publiquement remercié.

Qu’Allah nous pardonne notre insouciance et qu’Il soigne nos coeurs malades.


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