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Hijama : un tribunal rappelle que seuls les médecins peuvent la pratiquer

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hijama© Cirkoglu – Shutterstock

Méthode ancestrale vieille de plusieurs millénaires, appelée aussi “cupping therapy” en anglais, “incisiothérapie” ou encore “ventousothérapie”, la hijama est classée parmi les médecines dites “alternatives”, au même titre que l’hypnose, l’acupuncture ou la médecine chinoise.

Très populaire chez les musulmans depuis l’époque du Prophèteﷺ, elle connaît en France un grand succès. D’où une certaine émotion sur les réseaux sociaux, après l’annonce du jugement du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Est-ce la pratique de la hijama qui est désormais totalement interdite en France ? A la fois la hijama dite “humide” (scarification et sang qui coule) et la hijama dit “sèche” (succion avec pose des ventouses sans scarification) ou seulement la première ? Ou est-ce celles et ceux qui la pratiquent qui sont visés par cette décision de justice ?

C’est pour répondre à ces questions que nous avons interrogé Me Besma Maghrebi-Mansouri, avocate dans ce procès. Interview.

Al-Kanz : Nous avons lu fin novembre sur Twitter qu’une décision de justice a été prise “contre la hijama“, ce qui n’est pas tout à fait exact. Pourriez-vous préciser ce qu’il en est ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :
Trois personnes ont en effet été poursuivies devant le tribunal correctionnel pour exercice illégal de la médecine en raison de la pratique régulière de la hijama sèche ou humide au sein de leur association.

Al-Kanz : De qui a émané la plainte ? Est-ce une dénonciation, une attaque en justice de l’ordre des médecins ou la plainte d’un client suite à une complication liée à une séance de hijama ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :
Aucun client, qui aurait subi une complication, n’a porté plainte. C’est plutôt l’agence régionale de santé et le conseil régional de l’ordre des médecins d’Ile-de-France qui ont décidé de lutter contre toutes les pratiques illégales et “faire la chasse aux hijam [personne pratiquant la hijama, NDLR] non médecins”. Le conseil de l’ordre des médecins est intervenu dans le dossier pour confirmer qu’il s’agit bien d’un exercice illégal de la médecine.
Il faut savoir que le ministère public possède la maitrise de l’action publique et dispose de l’opportunité des poursuites.

Al-Kanz : Quelles ont été très précisément les condamnations et pour quels motifs ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :
Mon client a été relaxé faute de preuve. Les deux autres personnes qui comparaissaient ont été respectivement condamnées à trois et à six mois de prison avec sursis.

Al-Kanz : Quelles sont concrètement les conséquences pour celles et ceux qui en France pratiquent la hijama ? En d’autres termes, qu’est-ce qui est désormais interdit ? La pratique de la hijama est-elle totalement interdite ou réservée uniquement à certains professionnels ? Dans le second cas, lesquels ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :
Les conséquences pour les personnes qui pratiquent la hijama sont graves et lourdes puisqu’elles encourent jusqu’à deux ans de prison.

Le jugement ne vient pas poser un interdit, mais applique la loi. L’Etat a décidé d’envoyer un message fort à toutes les personnes qui refusent de voir la vérité en face : la pratique de la hijama par des non-médecins est interdite et elle ne sera plus tolérée.

Il n’est pas possible de pratiquer la hijama sans un diplôme d’Etat de médecin, puisque, au regard du corpus juridique actuel en France, elle leur est réservée.

Toutes les personnes qui pensent pouvoir exercer et qui exercent avec un diplôme obtenu dans un centre de formation encourent des sanctions graves : seuls les médecins peuvent pratiquer la hijama.

Al-Kanz : Le jugement fait-il une distinction entre hijama humide (scarification) et hijama sèche, incisiothérapie et ventousothérapie ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :
Le jugement ne fait pas de distinction entre hijama humide et sèche. L’une comme l’autre tombe sous le coup de la qualification d’acte médical.

Les trois praticiens poursuivis l’ont été très précisément pour avoir “exercé illégalement la profession de médecin, en l’espèce en pratiquant l’hijama (procédé de pose de ventouses sur le corps du patient, avec ou sans scarification) constitutif d’un acte médical”.

Al-Kanz : Vos clients comptent-ils faire appel ou doit-on considérer cette définition définitive ?
Me Besma Maghrebi-Mansouri :

Bien évidemment mon client relaxé ne compte pas faire appel et mon autre client ne souhaite pas prendre le risque d’avoir une sanction plus lourde.

Une précédente condamnation en 2016

Cette décision du tribunal de Bobigny n’est pas une première. Le 5 décembre 2016, le tribunal de Chartres (Eure-et-Loir), condamnait un entrepreneur de pompes funèbres musulmanes à six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour “exercice illégal de la médecine”. Il comparaissait aussi pour avoir exercé sans habilitation une activité funéraire.

Le prévenu avait reconnu avoir utilisé des ventouses, mais sans aucune incision “sauf sur [lui] et les membres de [sa] famille”, rapporte sur son site L’Echo républicain.

La demande de relaxe demandée par son avocate ne fut pas entendue.


Les condamnations vont de trois à six mois de prison avec sursis pour “exercice illégal de la médecine”.
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