
Aïd al-Fitr à Al-Qods, Palestine occupée – © Mahmoud Illean IRPC
Prier, quand on observe ce pilier de l’islam, on s’y attelle au moins cinq fois par jour, toute l’année. On sait donc faire. Prier à l’occasion de la fête de l’Aïd, Aïd al-Fitr ou Aïd al-Adha, on le sait moins. Cette prière collective a été vivement recommandée par le Prophète (saws) tant pour les hommes que pour les femmes. Il convient donc autant que faire se peut d’y assister. Voyons ensemble comment cette prière se déroule.
Se préparer : le bain rituel ou ghusl
Avant chaque prière, le musulman procède à des ablutions, c’est-à-dire qu’il lave quelques parties du corps selon un ordre précis. On distingue les ablutions mineures des ablutions majeures, appelées aussi « ghusl ». Pour la prière collective du vendredi, elles sont obligatoires. Pour la prière de l’Aïd, elles sont recommandées. Mais que cette nuance n’incite pas à la fainéantise. Soyons du plus bel éclat en ce jour de fête.
Se vêtir de ses meilleurs habits
Un jour de fête doit se distinguer d’un jour normal. Fêter l’Aïd, c’est bien s’habiller. Le Prophète (saws) lui-même a ordonné à ses compagnons de porter leurs plus beaux habits et de se parfumer au mieux.
Déjeuner au retour chez soi, ne rien manger avant de se rendre à la mosquée
Il est par ailleurs recommandé à l’occasion de l’Aïd al-Adha de ne rien manger avant la prière, contrairement à l’Aïd al-Fitr où l’on préfèrera manger avant la prière.
A quelle heure prie-t-on ?
La prière à proprement parler a lieu quand le soleil « s’élève au dessus de l’horizon de la longueur d’une lance » (soit grosso modo trois mètres). En pratique, même si chaque mosquée fixe elle-même l’heure, on prie entre 8h15-8h30 et 9h00. Généralement, les responsables du lieu de culte indiquent l’horaire précis la veille après les dernières prières.
En général, les gens se rendent le plus tôt possible. Nous vous conseillons de prier al-fajr, comme chaque matin, à la mosquée et d’y rester jusqu’à la prière de l’Aïd. Cela vous permettra de trouver une place de parking si vous vous y rendez en voiture – et ce n’est pas un luxe le jour de l’Aïd – et une place à l’intérieur de la mosquée (les premiers rangs étant les meilleurs).
Avant la prière
La glorification d’Allah est fortement recommandée avant la prière de l’aïd. Il existe plusieurs façons de glorifier Dieu. En voici une :
“Dieu est le plus grand et à Dieu la louange.”
Allâhu Abkar, Allâhu Akbar, Allâhu Akbar wa li-Llâhi-l-hamd.
La voici au format audio.
En général, on trouve deux groupes qui alternent ces invocations. Quand le premier se tait, l’autre reprend. Essayons de faire l’effort de participer à cette glorification. Il est toujours triste de voir qu’hormis le premier rang la majorité des fidèles gardent la bouche fermée. Ces paroles sont très lourdes dans la balance. Ne nous privons pas de ces précieuses récompenses.
La prière en elle-même
On prie quand l’imam fait son entrée. On ne fait ni adhan, ni iqama (deux appels distincts à la prière). Chacun se lève et se place dans le rang. Cette prière compte deux rak’a (unité). Puis, on prononce sept fois le takbîr, c’est-à-dire que l’on dit sept fois d’affilée “Allâhu Akbar”. Puis l’imam récite à voix haute la sourate al-Fatiha (numéro 1) et la sourate al-A’la (numéro 87) et poursuit normalement sa prière. Les fidèles suivent.
Puis lors de la seconde rak’a, on redit le takbîr, six fois et l’imam récite à voix haute la sourate al-Fatiha (numéro 1) et une autre (la 88, la 89 ou une autre). Et on termine normalement la prière.
Après la prière, on reste assis

Indonésie – © Isra Triansyah IRPC
Après la prière, on ne bouge pas. On reste assis, car c’est le moment de la khutbah (sermon). Malheureusement, trop de personnes s’empressent de partir une fois la prière achevée, alors que la khutbah est un moment très important et qu’elle fait partie intégrante de cette cérémonie de l’Aïd. Sans parler du manque de savoir-vivre et de correction de ceux qui se lèvent alors que l’imam est, face à son assemblée, en plein sermon.
Votre mouton a rendez-vous avec vous. Il ne risque pas de vous poser un lapin. Inutile de vous précipiter vers les portes une fois la prière terminée.
Faites des bisous
Les deux Aïd, Aïd al-Fitr et Aïd al-Adha, sont des moments où la réconciliation, le pardon et la fraternité doivent régner entre les musulmans. C’est le moment de faire l’effort pour balayer les rancœurs et les rancunes et de mettre les compteurs à zéro.

« Pardon d’avoir voulu manger ta famille frère » « Pas de soucis frère, ça arrive »
La formule consacrée à cette occasion est « Taqabala-Llâhu minnâ wa minkum. Ghafara-Llâhu lana wa lakum » (Qu’Allâh accepte de nous et de vous. Qu’Allâh nous pardonne et vous pardonne).
Quelques recommandations
– Rendez-vous à la mosquée en empruntant un chemin et repartez-en en empruntant un autre.
– Soyez le plus tôt possible présent à la mosquée, afin de partager ce riche moment de glorification qui précède la prière.
– Éteignez vos portables.
– Invitez vos voisins chez vous à prendre le thé ou le café. Offrez des gâteaux à vos collègues de bureau aujourd’hui ou lundi. Offrez-en aux personnes que vous rencontrez fréquemment sans être proche (concierge, boulanger, médecine, caissière du supermarché, guichetier à la Poste, etc.), à des inconnus, à celles et ceux que vous n’aimez pas.

A la fin de la prière, on s’embrasse chaleureusement – © Shyjith Onden Cheriyath IRPC
Taqaba-Llâh minna wa minkum, qu’Allah accepte nos œuvres ainsi que les vôtres.
Ghafara-Llâh lana wa lakum, qu’Allah nous pardonne ainsi qu’à vous-mêmes.
Ne nous oubliez pas dans vos invocations, n’est-ce pas ?
Après la prière, votre mouton : halal ou non halal, du aïd ou d’avant ?
Comme chaque année, plusieurs jours avant l’aïd, un peu partout en France des milliers de carcasses de moutons ont été stockées dans des frigos. En Ile-de-France, c’est principalement à Rungis que cela se passe, ailleurs c’est dans des abattoirs et chez des bouchers musulmans. Ces moutons ne sont pas halal et ils ne sont pas des moutons de l’aïd.
Des bouchers musulmans vont vendre ces carcasses en toute connaissance de cause et tromper leurs clients et coreligionnaires. Plusieurs centaines de milliers de personnes vont se faire avoir. Leur aïd, tout comme le rite qui y est attaché, rite intime, rite qui touche au sacré, vont être souillés par des pratiques frauduleuses. Le scandale est énorme, dure depuis des années, mais passe comme une lettre à La Poste.
Permettons-nous deux modestes conseils :
1- demandez à votre boucher, à l’abattoir où vous irez chercher votre mouton ou à l’enseigne si vous avez acheté votre bête dans un hypermarché, que l’on vous montre l’étiquette de votre carcasse qu’il possède obligatoirement (ainsi que la facture de l’abattoir). Regardez la date d’abattage (obligatoirement mentionnée), l’origine de la bête (française ou étrangère) et tout autre information qui vous permet de vous assurez que l’on vous dit vrai.

Ce n’était pas des moutons français
2- vérifiez sur la carcasse de votre bête ce qui a été tamponné. Un mouton français doit avoir la mention FR et non UK, mention qui correspond au Royaume-Uni. Regardez par ailleurs le numéro qui est associé à ce FR : c’est le numéro de l’abattoir où votre mouton a été abattu.
Lire – Abattoir de Coulommiers : les moutons de l’aïd n’étaient pas français, mais britanniques…