Faire croire aux consommateurs qu’ils achètent le meilleur produit au meilleur prix est dans l’industrie agro-alimentaire une obsession.
Vendre toujours moins cher au plus grand nombre
S’agissant du meilleur prix, certaines marques réussissent en effet à tenir leurs promesses. Mais cela au détriment du « meilleur produit », car pour arriver à baisser les coûts au maximum, les entreprises de l’agro-alimentaire trafiquent la composition de leurs produits comme d’autres maquillent des voitures volées.
Cette course au prix bas est évidemment liée à la volonté de toucher le maximum de consommateurs et non d’oeuvrer à l’augmentation de leur pouvoir d’achat. L’objectif final est de vendre le plus possible afin de « faire du volume », et ainsi augmenter le bénéfice, lequel permettra de rémunérer le plus grassement possible les actionnaires dans le cas des grands groupes.
Il est urgent de savoir ce que l’on mange
Dès les premières semaines après le lancement d’Al-Kanz, nous avons essayé de sensibiliser chacun à ce problème de civilisation – on parle du reste de « maladies de civilisation« , maladies rattachées le plus souvent à notre mauvaise alimentation et survenues avec l’avènement après la guerre de l’industrie agro-alimentaire.
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Mais il faut reconnaître qu’avec le matraquage des publicitaires et le lobbying actif des géants de l’agro-alimentaire convaincre est un travail de longue haleine. Citons un seul exemple, celui du lait, notre ennemi pour la vie. Voilà près de quarante ans que son lobby s’acharne à nous convaincre que « les produits laitiers sont nos amis pour la vie », alors que tout démontre le contraire : les produits laitiers sont nos ennemis pour la vie.
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Mieux manger n’est pour autant pas compliqué, à partir du moment où l’on refuse d’être ce que l’industrie agro-alimentaire veut que nous soyons : des poubelles qui avalent aveuglément tout ce qu’elle nous vend.
Il suffit pour cela d’écrire aux marques en leur posant des questions simples sur la composition de tels et tels produits. A l’instar de Cédric Garrofé, journaliste et fondateur de Vegemag.fr et Vegedia.com, qui a écrit à Bonduelle et a obtenu une réponse détaillée.
Des légumes Bonduelle contiennent de la viande
Soucieux de savoir ce qu’il y a dans son assiette, le journaliste a donc pris contact avec le service consommateurs de l’enseigne Bonduelle. Il s’agissait notamment d’en savoir plus sur la nature des arômes naturels à base de viande contenus dans les produits de la marque, mais non mentionnés sur les emballages.
La réponse de l’industriel est claire : « Nous vous confirmons que Bonduelle met en oeuvre des arômes naturels d’origine animale, étiquetés +arôme naturel+ ou +arôme+ en conformité avec la réglementation française »
Si Bonduelle fait ici preuve de transparence, il en est tout autrement en matière d’étiquetage. Sur les emballages de 18 produits, listés dans la réponse adressée à Cédric Garrofé et publié sur le site Vegemag, rien n’indique que les « arômes » sont d’origine animale.

S’agissant du caractère halal ou non de ces produits, il faudrait connaître plus précisément la quantité que représentent ces arômes dans chaque produit pour en déduire leur licéité. Si la quantité est infime, il n’y aura en effet pas de problème de ce point de vue à le consommer. Mais au-delà de cette question demeure la vilaine habitude de la quasi-totalité des industriels de l’agro-alimentaire : dissimuler leurs pratiques aux consommateurs tout en leur faisant croire que ces derniers doivent choisir leurs produits, qui sont évidemment les meilleurs du marché.
Malheureusement, tant que les consommateurs ne prendront pas conscience qu’ils ont le pouvoir d’imposer une réelle transparence, ils continueront à manger ce que l’industrie agro-alimentaire décidera de leur faire manger. Il demeure malgré tout des solutions, parmi lesquelles une meilleure information que nous pouvons ensemble solliciter et produire. Nous vous renvoyons à cet égard à un article publié voilà sept ans : Manger mieux : recensement des services consommateurs.